Sur la croupe de ma licorne
je file à toute allure
Je slalome entre les bornes,
les jambes d'adultes, et les voitures
Elle et moi sommes en joie
Le vent qui siffle dans nos oreilles
Nos rires montent jusqu'aux toits
Dans nos yeux brillent des soleils
Et toutes les nuits, dans mon sommeil
elle m'accompagne encore
dans des galopades sans pareilles
et des îles aux trésors
- Mathilde Fauve
Je m offre une rose
Pâle et déjà fanée pour
La Saint Valentin
- Mathilde Fauve
Des fleurs en plastique
Dans la poubelle du cimetière
Même elles fanent ?
- Mathilde Fauve
Tu m as demandé
De ne pas t exposer -
Mon recueil sera muet
- Mathilde Fauve
Soleil décalé
Nuages dans la tête
J attends l automne
- Mathilde Fauve
Toujours au centre du cercle,
mon corps se mouvant
dans l'eau lisse
— Mat Fauve
Le 15 août est férié en France depuis 1638. Louis XIII était catholique et a décidé de faire de la Vierge Marie la sainte patronne de la France, et de lui consacrer un jour de célébration, pour la remercier de la naissance de son fils héritier. Après moult péripéties (L’Empire de Napoléon Ier, la Restauration) la tradition est perpétuée jusqu’à nos jours. Ce jour là, les Français.es fêtent l’Assomption de la Vierge Marie, c’est-à-dire sa montée au ciel à la fin de sa vie terrestre.
Je trouve ça étrange de ne pas travailler pour des raisons religieuses (qui ne concernent pas l’Etat mais seulement notre conscience). Ceci dit, j’ai apprécié cette petite pause. :-)
Ne pourrions-nous pas célébrer les orages du 15 août et le retour de la fraicheur plutôt qu’une sainte catholique ? Ou décider d’en faire un jour chômé pour ralentir la pollution humaine et le dérèglement climatique ? C’est une idée au hasard.
Ou cela ferait-il de la France un pays animiste ? Ou bien l’écologie serait considérée comme une religion ? - Mathilde Fauve
Coucher de soleil
Dans ma cuisine
Fourvière me tourne le dos
— Mat Fauve
La bouche pleine
Le chat m apporte un mulot
- Game over
- Mathilde Fauve
Comment planter un fanal sur les flots d’une rivière au galop ?
Les drapeaux claquent sous le souffle des rancœurs
aux frontispices marmoréens des châteaux
mais aucun d’eux ne porte ta marque.
Et pourquoi chercher des repères
dans les constellations qui bordent ses paupières ?
La voie est intérieure
La vérité aussi, d’ailleurs.
Pourquoi ces éclaboussures de désir
Pourquoi ces projections absurdes
d’émotions et d’intentions
de gestes et de non-dits
dans le sillage de tous ceux qui t’entourent ?
Ne sais-tu pas
que rien ne peut changer une alouette en pierre ?
Ni imprécations, ni chantage, ni prière ?
Que le fleuve coulera vers la mer
quoique tu fasses pour le détourner
de sa destination première ?
Ne comprends-tu pas
que les chats sont libres
que le vent est fou
qu’ondulent les dunes
que les nuages peuvent mille fois
se transformer
jamais
ils ne deviendront un confortable édredon
malgré tous les retapissages des avions ?
Ne vois-tu pas
qu’un arbre est un arbre
Et non le pivot du monde
Ni même un confident
amical et discret
épanchant calme et stabilité
offrant un havre bienveillant
à ton radeau en déroute
à l’abri de la furie qui t’habite
des cyclones qui te dévastent
du maelström des doutes
menaçant de t’engloutir
tel un rafiot à la dérive
sur la langue gloutonne d’un trou noir ?
Alors arrête, je t’en prie
Arrête de te torturer ainsi
Arrête de vouloir mettre le vent en cage
le soleil en bouteille
et les gens dans des cases
Arrête de chercher midi au fond d’un puits
et quatorze heures à l’aurore
l’ivresse des cimes au relief d’une virgule
la bravoure qui te fait défaut dans la légèreté des bulles
Arrête de te triturer les méninges
dans un ballet de bouts de ficelle
comme un Gepetto à manivelle.
Arrête de courir sans cesse
après les comètes de tes promesses
que tu trahis sans réfléchir
pour te lancer sur de fausses pistes.
Arrête un instant, s’il-te-plait
Fais taire la machine à souhaits.
Fabrique toi une petite coquille
un labyrinthe, une cachette,
et tandis que tu te recroquevilles
soulage le poids de ta tête.
Lâche ton armure, ton épée et tes gants
Dénoue ta chevelure, ôte tes vêtements
Époussète ton passé, éloigne les remontrances
Dépouille toi de qui tu étais
Renie tes appartenances
Et pardonne toi d’exister
telle que tu es, rien de plus.
Retourne à toi-même
Explore ton âme
Retrouve les trésors abandonnés
enfouis sous la fange et les débris
des désastres operculés
des lâchetés et des oublis.
Suis la boussole et les sentiers
des éclats de rire de ton enfance
des éblouissements crépusculaires
la frénésie salvatrice de la danse
le repos bienfaisant de l’hiver
la fragilité des dentelles de glace
l’éternité mouvante de la mer
la gourmandise rouge des pralines
le silence apaisant des monastères
le soulagement du corps dans l’effort
et, au petit matin, la lumière opaline
de la rosée sur les cerisiers en fleurs.
— Mat Fauve